Maybe are you the answer ?

Sa mère lui déposa un baiser sur son front comme à son habitude et lui souhaita de passer une bonne journée. Un peu à contre cœur, Nathanaël quitta l’immeuble où il avait passé toute son enfance. Comme tous les jours de la semaine depuis son retour à Newton Lake, le jeune homme allait chez sa mère pour le diner, c’était lui qui faisait les courses, et elle qui cuisinait. Il faut dire que lorsque madame Matthews est derrière les fourneaux, c’est toujours un festin et un délice qui attend ses invités. Alors ils avaient en quelques sortes passé ce deal tous les deux, pour se retrouver de temps en temps. A son retour, il s’était acheté une petite maison sur Dickens Road et en était très satisfait. Dès qu’il en aura les moyens, le jeune homme compte en acheter une autre pour sa mère et sa sœur, mais il fallait encore attendre un peu. En tout cas, il les aidait déjà financièrement et sa mère devait très certainement se sentir plus légère, même si cela l’embêtait énormément que ce soient ses enfant qui l’aident. Parce que oui, le jeune homme l’ignorait encore, mais avant qu’il ne revienne comme si de rien était, sa petite sœur avait arrêté les études pour travailler dans un bar et aider sa mère qui ne s’en sortait pas financièrement parlant. Nathanaël se mit donc en route pour retourner chez lui et avait choisi de faire le chemin à pieds. Un chemin qui lui permit de se remettre les idées en place, et de penser un peu plus à tout ce qui le tourmentait. Cette fois-ci, il décida de laisser le « problème Melody » entre parenthèse et se concentra sur un sujet qui le tourmentait tout autant. Depuis son retour, ou autrement dit depuis quatre mois, Charlie avait refusé de le voir, et même de lui adresser la parole. Elle esquivait tous les repas, prétextant aller voir une amie, ou encore s’enfermant dans sa chambre. Quand ils se croisaient en rue, elle changeait de trottoir et même de direction. Et même s’il avait tenté à de nombreuses reprises d’aller vers elle, de lui parler à travers la porte, de lui courir après en traversant tout le quartier, il se confrontait à chaque fois à un mur. Il avait beau se creuser la tête, chercher comment l’aborder, changeant de stratégie encore et encore, aucune solution ne lui était venue jusqu’à présent. Enervé, il shoota dans une cannette vide qui était sur son chemin et qui alla s’écraser sur le muret en face de lui. Soudain, il s’énerva contre lui-même, se demandant pourquoi il était revenu, et surtout pourquoi il avait trouvé l’idée de Lemon si brillante alors qu’elle ne l’était pas une seule seconde ! Lemon qui elle profitait pleinement de cette nouvelle ville dans laquelle elle s’installait à présent, et lui qui devait soudain faire face à tous ses démons. Elle, elle était bien au moins. Et puis après tout, s’il n’était pas revenu aujourd’hui, quand l’aurait-il fait ? Et comment ? Avec Lemon, il n’avait en quelques sortes pas eu le choix, elle l’avait poussé dans la fosse aux lions et il était désormais le seul à pouvoir se battre pour sa survie. Sauf qu’elle aurait été un peu plus utile avec plus de conseils. Au lieu de ça, madame profitait.

En tournant le coin, Nathanaël passa devant le quartier de Magniola Road. Un quartier plein à craquer de riches plus riches les uns que les autres, un quartier qui le dégoutait par moments, et pour cause, ce quartier était en quelques sortes le point commun à tous ses soucis. Cependant, il n’en détestait pas pour autant tous les habitants de cette rue, il y en avait même avec qui il s’entendait plutôt bien. Il se souvint alors que lorsqu’ils étaient enfants, il avait l’habitude d’accompagner sa petite sœur jusque chez les Greyson, qui habitaient au numéro quatorze. Il la laissait là et elle s’amusait avec une petite fille de son âge, Blue-Lynn. Un petit ange et petit démon à la fois. Il la considérait comme quelqu’un de la famille et la protégeait tout autant que sa propre petit sœur. Ne sachant où son intuition allait le mener, il s’engouffra alors dans Mecklembourg-Strelitz Street et s’arrêta devant le numéro quatorze. Il prit soin de vérifier le nom inscrit sur la boîte aux lettres, et ne fut pas si surpris que ça que la famille habitait toujours là. Il vérifia l’heure à sa montre, il était un peu plus de vingt heures et à cette heure-ci, il ne devait pas déranger grand monde. Il sonna et ce fut Blue qui vint lui ouvrir. « Tu tombes bien, c’est toi que je venais voir. » lui dit-il avant même qu’elle n’ait eu le temps de prononcer un seul mot. « C’est fou ce que tu as grandi ! » s’exclama-t-il soudain, se rendant compte que le petit visage qui se trouvait dans la fente de la porte entre-ouverte n’était plus celui d’une enfant.